Bonne nouvelle : de plus en plus d’écoles et établissements scolaires s’engagent dans des démarches actives et globales de développement durable ! Coralie Noël, Haute Fonctionnaire au Développement Durable pour le ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, est revenue pour nous sur l’éducation au développement durable, le déploiement de la labellisation E3D et l’intérêt du challenge CUBE.S. Elle souligne notamment le rôle central de l’implication active des élèves.
Qu’est-ce que l’éducation au développement durable ?
Coralie Noël : L’éducation au développement durable (EDD) est une éducation transversale, interdisciplinaire. Tous les enseignements sont concernés : SVT, histoire-géographie, éducation morale et civique, mathématiques, physique, etc. Les programmes scolaires ont été renforcés en 2019-2020 : sur la biodiversité, le climat, et plus largement sur le développement durable. La contribution de chaque discipline à l’EDD a été mise en relief.
L’EDD repose sur des actions et projets pédagogiques, avec une participation active des élèves. Cette implication des élèves est très importante. C’est pourquoi nous avons œuvré à la généralisation des éco-délégués, avec des élections systématisées depuis la rentrée de septembre 2020 dans les classes de collèges et de lycées. Les éco-délégués ont un rôle d’ambassadeur pour l’ensemble des élèves, ils montent des projets concrets avec la communauté éducative et les partenaires extérieurs.
L’EDD s’appuie sur les objectifs du développement durable adoptés par l’ONU : lutte contre la pauvreté, égalité homme-femme, coopération internationale, etc. Tous ces enjeux doivent être pris en compte. Cela permet de croiser toutes les dimensions du développement durable, la dimension environnementale bien entendu, mais aussi les dimensions sociales et économiques, car tout est lié.
Le ministère porte la démarche E3D. Pouvez-vous nous expliquer les principes et enjeux de cette démarche ?
Coralie Noël : Avec la démarche E3D (Ecole/Etablissement en Démarche de Développement Durable), c’est tout l’établissement qui se mobilise : les élèves, les enseignants, la direction de l’établissement, les gestionnaires, etc. Selon le respect des critères, le label peut être de niveau 1, 2 ou 3.
La labellisation E3D est en plein déploiement. Le dernier bilan réalisé en juin 2021 montre que le nombre d’écoles et établissements labellisés dépassait les 7000. C’est environ 1200 de plus en une année. Aujourd’hui cela correspond à plus de 10% des structures scolaires !
Le saviez-vous ?
Le ministère de l’Education nationale souhaite atteindre 10 000 structures scolaires labellisées E3D à horizon 2023
Pouvez-vous nous donner des exemples de projets dans les établissements qui vous ont particulièrement marquée ?
Coralie Noël : Je pense en particulier aux lauréats du concours de l’action éco-déléguée que nous avons lancé l’année dernière. En juin 2021, nous avons distingué trois établissements : une école, un collège et un lycée.
Les éco-délégués de l’école Bois de Couleur, à La Réunion, ont créé un espace de préservation et de sensibilisation à la biodiversité endémique du territoire, ouvert à tous. Le projet a associé les élèves en situation de handicap visuel : des pancartes en braille et des ateliers de découverte tactile des plantes ont été mis en place. Un projet qui fait rimer solidarité et biodiversité !
Les élèves du collège Courteline, à Paris, ont installé une serre. L’eau de pluie est récupérée. Le compost valorise les déchets alimentaires de la cantine. Les récoltes sont ensuite cuisinées en partenariat avec les maraudeurs de la Team Maraude, et les repas distribués aux personnes démunies. Là encore, la solidarité est au cœur du projet, en association avec une démarche d’économie circulaire.
Enfin, les éco-délégués du lycée Charles Baudelaire, à Annecy, ont lancé un projet de végétalisation de la cour de l’établissement. Les élèves ont travaillé avec une paysagiste-architecte et un architecte. Tous les élèves ont été consultés afin de réfléchir ensemble à leur cadre de vie, à leurs besoins.
Que pensez-vous d’un challenge comme CUBE.S ? Que souhaiteriez-vous dire aux établissements et à leurs élèves engagés dans ce concours ?
Coralie Noël : Le challenge CUBE.S est un bel exemple de projet pédagogique concret, où les élèves peuvent participer activement. Ce programme est intéressant à plusieurs titres.
C’est un challenge interdisciplinaire. Il se base sur des mesures et des données scientifiques. Il s’articule bien avec les enseignements sur l’énergie, la lutte contre les gaz à effet de serre, le changement climatique, etc.
Il permet aussi de faire un lien entre pédagogie et gestion de l’établissement. Les établissements scolaires peuvent suivre leurs consommations énergétiques dans le temps, mesurer leurs économies d’énergie. C’est un outil dont les éco-délégués peuvent utilement s’en saisir.
