Les enfants, “super héros” des économies d’énergie

Mathilde Rousserie, Responsable Unité Energie de la Ville d’Angers

Ancienne candidate au concours CUBE2020, la Ville d’Angers soutient CUBE S, le nouveau concours d’économies d’énergie liées aux usages organisé par l’IFPEB et le CEREMA spécifiquement pour les établissements d’enseignement. Mathilde Rousserie, Responsable Unité Energie de la Ville d’Angers, témoigne de l’expérience CUBE dans les écoles et notamment sur le volet pédagogique, auprès des enfants ET des parents !

Comment avez-vous connu le concours CUBE ?

Mathilde Rousserie : A l’été 2016, la Ville d’Angers a inscrit 3 écoles pour participer au concours CUBE2020 de l’IFPEB. Nous avions pour objectif de sensibiliser les enfants (avant de le faire pour nos collègues) aux enjeux des économies d’énergie tout en réalisant ces économies sans investissement financier.

Nous avons identifié 3 établissements localisés dans 3 quartiers différents qui pouvaient participer :

  • une école d’enseignement artistique dans un bâtiment très ancien et très grand ;
  • la cité éducative Nelson Mandela construite très récemment ;
  • le groupe scolaire Jules Verne bâti dans les années 1970 dans un quartier multiculturel.

Quelle a été votre approche pour ces trois écoles ?

M.R. : Nous nous sommes d’abord concentrés sur le volet pilotage des bâtiments. Nous avons identifié les points d’amélioration, mais il est apparu assez vite que la sensibilisation était vraiment nécessaire. Sensibilisation auprès des directeurs et enseignants, des personnels de cantine et d’animation (temps périscolaire), mais aussi auprès des enfants. C’est dans le groupe scolaire Jules Verne que ce besoin d’investir dans la communication sur le concours s’est révélé le plus nécessaire.

Pourquoi cet établissement en particulier ?

M.R. : Le groupe scolaire Jules Verne est situé dans le quartier de la Roseraie. C’est un quartier rénové dans le cadre de l’ANRU, mais où une partie de la population ne lit pas le français ou très peu. Nous avons donc dû travailler sur la communication pour toucher cette population au travers des enfants. De là, nous est venue l’idée de faire des enfants des ambassadeurs, des « super héros » de l’économie d’énergie. C’est devenu notre fil conducteur.

Pour cela, nous avons développé des éléments de communication très visuels : affiches, stickers repositionnables, livrets… tous très axés sur le visuel, avec peu ou pas de texte. Les enfants ont pu emmener tout cela à la maison et partager avec leurs familles.

 

Et quel a été le résultat de cette campagne ?

M.R. : Nous avons eu des retours très positifs des parents comme des enfants. Lors du « café des parents », un temps de rencontre entre parents, directeur d’établissement et services divers, certains parents nous ont avoué avoir débranché leur réfrigérateur pour la première fois avant de partir pour 3 semaines au Maroc. Certains animateurs nous ont parlé d’enfants de maternelle qui cherchent l’interrupteur pour éteindre la lumière en quittant leur salle de classe.

A la cité éducative Nelson Mandela, le directeur s’est emparé du sujet après les résultats du concours et travaille avec son équipe et les enfants pour en faire de véritables relais des économies d’énergie et de la transition énergétique.

Justement, quelles performances avez-vous atteint dans l’édition 2017 de CUBE 2020 (saison 3) ?

M.R. : Nous avons réalisé un peu plus de 28% d’économies d’énergie à la cité éducative Nelson Mandela, bâtiment plus récent mais qui était mal piloté jusque-là. Sur l’établissement d’enseignement artistique, nous avons atteint les 21% d’économies d’énergie, principalement en travaillant sur le réglage des installations. Le groupe scolaire Jules Verne a fait 5% d’économies, mais CUBE2020 nous a permis d’identifier un grand nombre d’améliorations possibles, notamment sur l’éclairage, ou sur l’isolation de la partie restauration.

Au final, combien de personnes ont été mobilisées sur le concours ?

M.R. : Environ 420 personnes ont travaillé sur notre participation à CUBE2020, bien sûr pas à plein temps. Certains ont été appelés à contribuer à un moment donné : les enfants des classes élémentaires et maternelle, les enseignants, le personnel de ménage, le personnel de restauration, les animateurs périscolaires, le service communication de la Ville, et des techniciens (électricien, manager de contrat, un apprenti en licence professionnelles Maîtrise de l’Energie – Energies Renouvelables, thermicien, …).

Nous avons additionné les compétences et les intérêts pour parvenir à un beau résultat.

Allez-vous répliquer l’expérience dans d’autres établissements ?

M.R. : Nous n’avons pas diffusé le concours vers d’autres écoles, il n’y a donc pas encore de phénomène d’émulation. Nous continuons de suivre les 3 écoles pour nous assurer qu’elles gardent le cap. Pour notre nouvelle candidature à CUBE2020, nous avons voulu diversifier l’expérience et aller vers les bureaux.

Le concours se décline désormais en CUBE S, spécifiquement conçu pour les bâtiments d’enseignement. Que diriez-vous à d’autres collectivités pour les inviter à soumettre leur candidature ?

M.R. : Le concours nous oblige à sortir de notre zone de confort, à nous interroger sur les usages, à aller vers les usagers pour les aider à comprendre, notamment en leur parlant de confort. Surtout CUBE permet de mieux comprendre le bâtiment et les usagers dans le bâtiment.

Il ne faut pas avoir peur de se lancer. Le concours CUBE permet de réaliser de vraies économies d’énergie sans investir d’argent, tout en améliorant le confort de ses usagers.

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